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Vous envisagez de faire du tourisme médical? Pensez-y bien

Il semble que de plus en plus de Canadiens se rendent à l’étranger pour se faire soigner plus rapidement et à moindres frais. Il existe environ 20 entreprises de tourisme médical au pays, la plupart offrant la possibilité de subir diverses interventions chirurgicales non urgentes, par exemple l’arthroplastie de la hanche ou du genou, des opérations de chirurgie esthétique ou des transplantations. Qu’est-ce qui pousse les gens à se faire traiter à l’étranger? Les raisons varient : apaiser la frustration engendrée par les longues listes d’attente, subir à moindre coût des interventions non urgentes qui ne sont pas couvertes par le régime provincial d’assurance-maladie ou encore obtenir des traitements nouveaux qui ne sont pas encore offerts au Canada. Quelle que soit la raison et peu importe les avantages, les Canadiens doivent comprendre qu’il est important de bien s’informer et de mûrement réfléchir avant de décider de se faire soigner à l’étranger.

Qui vous traitera?
Dans quel type d’établissement serez-vous soigné?
Qui organisera votre traitement à l’étranger?
Qui se chargera du suivi médical?
Que doit-on conclure?

Qui vous traitera?

Les professionnels de la santé qui exercent au Canada sont très conscients des répercussions qu’ils pourraient subir s’ils causent un préjudice à un patient, s’ils font des actes qui dépassent leurs compétences ou s’ils sont négligents. Ils doivent rendre compte de leurs actes non seulement devant leur collège des médecins et chirurgiens et devant leur hôpital, mais aussi devant les tribunaux. Les médecins canadiens sont donc fortement encouragés à pratiquer la médecine de manière saine et objective, et les patients peuvent recevoir une compensation s’ils subissent des lésions à la suite d’une faute professionnelle.

À l’étranger, les médecins, le personnel médical et les hôpitaux sont aussi assujettis à des lois et règlements, mais il peut être ardu et coûteux de transiger avec le système de soins de santé ou le système légal d’un pays où l’on ne réside pas. Si on ne connaît pas très bien la culture du pays, il est difficile de savoir si le comportement des professionnels de la santé y est réglementé de manière efficace. Au Canada, la profession médicale est soumise à des contrôles stricts et les professionnels de la santé sont évalués par leurs pairs. Les Canadiens peuvent déposer une plainte et exercer des recours s’ils reçoivent des soins médicaux inadéquats. Dans d’autres pays, la réglementation est parfois inexistante ou mal appliquée et il peut être difficile pour un touriste d’y recourir. En outre, si vous devez entreprendre une action en justice, vous devrez sans doute vous rendre plusieurs fois dans le pays pour vous présenter devant les tribunaux. De plus, il faut savoir que les sommes accordées par les tribunaux étrangers dans les cas de faute professionnelle peuvent être minimes en comparaison de celles qui seraient versées au Canada en pareilles circonstances.

Dans quel type d’établissement serez-vous soigné?

Étant donné que les normes en matière d’établissements hospitaliers varient selon les pays, une hospitalisation à l’étranger peut être une expérience entièrement différente de ce à quoi vous êtes habitué.

Les lois provinciales et divers organismes non gouvernementaux imposent aux hôpitaux canadiens des normes strictes en matière d’organisation, de propreté, de prévention des infections et de sécurité. La situation n’y est peut-être pas parfaite, mais ces établissements sont réputés dans le monde entier pour la qualité des soins fournis. Les hôpitaux canadiens sont aussi tenus de produire des rapports périodiques précis sur l’efficacité de leurs soins.

Dans certains pays, les établissements de soins de santé n’ont pas de comptes à rendre sur l’efficacité de leurs soins. Dans d’autres pays, il est difficile ou même impossible de consulter les rapports produits par les hôpitaux sur leur efficacité. Une agence d’accréditation américaine appelée The Joint Commission (accessible en anglais seulement) a uni ses efforts à ceux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour fixer des normes visant à assurer la sécurité des patients dans tous les hôpitaux du monde. Si vous envisagez de vous faire soigner à l’étranger, il est essentiel de vérifier si l’hôpital où vous serez traité est accrédité par cette agence.

Qui organisera votre traitement à l’étranger?

Souvent, les patients qui se font traiter à l’étranger ne demandent pas l’aide et le soutien de leur médecin de famille pour diverses raisons. Ils craignent peut-être la réaction de leur médecin ou croient que les médecins canadiens ne sont pas au fait des traitements pratiqués dans les autres pays. Par conséquent, les traitements à l’étranger sont généralement organisés par des agences de tourisme médical ou des entreprises spécialisées dans ce domaine. N’oubliez pas que ces intermédiaires ne sont pas nécessairement des professionnels de la santé et qu’ils profitent financièrement de votre décision de vous faire soigner à l’étranger. Il peut donc être très difficile d’obtenir des renseignements objectifs sur l’établissement où doit avoir lieu l’intervention. De plus, il est peu probable que ces personnes disposent de renseignements détaillés sur votre état de santé actuel et vos antécédents médicaux, ce qui pourrait avoir une incidence sur le choix du traitement approprié et sur votre guérison.

Si vous recevez des soins à l’étranger, souvenez-vous que le personnel soignant ne parlera peut-être pas votre langue. L’impossibilité de communiquer avec les personnes qui vous soignent pourrait être angoissante ou frustrante, et même mettre votre vie en danger. La plupart des entreprises de tourisme médical offrent des services d’interprétation, mais vous devez avoir la certitude de pouvoir vous en prévaloir chaque fois que vous en aurez besoin, le jour comme la nuit.

Qui se chargera du suivi médical?

Si vous êtes opéré au Canada, votre chirurgien fera au moins une visite de suivi pour s’assurer que vous vous rétablissez comme prévu. Le personnel de soutien (par exemple, le personnel infirmier) sera à votre chevet et évaluera vos progrès, les risques d’infection et votre état général immédiatement après l’intervention et pendant les jours et les semaines qui suivront. Selon votre état, il se peut que vous deviez vous soumettre à de multiples tests, traitements et examens de suivi. En cas de complications postopératoires, votre chirurgien s’occupera de votre traitement, surtout si vous devez être opéré de nouveau.

Si vous décidez de vous faire opérer à l’étranger, il se peut que vous ayez peu accès à votre chirurgien après l’opération, et même que vous ne le revoyiez jamais. En outre, vous devrez compter sur le personnel médical local ou sur l’entreprise de tourisme médical pour faire parvenir à votre médecin canadien les documents relatifs à votre opération et aux soins postopératoires recommandés. Vous devrez peut-être faire traduire certains documents ou obtenir des renseignements supplémentaires pour que votre médecin canadien puisse faire le suivi approprié. De plus, si vous devez par la suite faire appel à un chirurgien au Canada, il y aura un plus grand risque que certaines données ou recommandations ne soient pas prises en compte parce que vous n’aurez pas bénéficié d’un suivi continu. Si votre médecin ne connaît pas bien le traitement que vous avez reçu ou n’obtient pas la documentation nécessaire au suivi, il risque de ne pas être en mesure de suivre correctement votre guérison au Canada, ce qui pourrait avoir des conséquences sur votre santé future.

En outre, si des complications surviennent pendant l’intervention et vous devez être ramené d’urgence au Canada pour être soigné, votre retour pourrait être coûteux et compliqué. Non seulement le service ambulancier aérien coûte entre 15 000 $ et 150 000 $ (ou même plus), mais les hôpitaux canadiens pourraient refuser de vous prendre en charge si aucun lit n’est disponible.

Compte tenu de tous ces facteurs, on peut se demander pourquoi certaines personnes décident de se faire opérer à l’étranger. Cependant, certains estiment que les avantages sont plus grands que les risques.

Que doit-on conclure?

Si vous envisagez de faire du tourisme médical, renseignez-vous bien sur toutes les options qui vous sont offertes. Suivez aussi ces conseils importants :

Consultez d’abord votre médecin. Consultez votre médecin pour analyser avec lui les options possibles et obtenir son avis. Croit-il que vous êtes en état de voyager? Votre état est-il grave? Pouvez-vous attendre d’obtenir le traitement au Canada sans risquer que votre état ne se détériore? Que faites-vous en attendant d’être traité? Avez-vous consulté un autre professionnel de la santé pour avoir un deuxième avis? La chirurgie n’est peut-être pas la meilleure solution dans votre cas. Un autre médecin aurait peut-être un autre traitement à vous recommander.

Très souvent, vous devrez demander à votre médecin de transmettre votre dossier médical aux médecins qui vous soigneront à l’étranger. Si vous décidez de subir une opération à l’étranger, le spécialiste qui vous traite ou votre médecin de famille devrait parler directement au médecin qui vous opérera. Méfiez-vous des médecins étrangers qui refusent de communiquer avec vos médecins canadiens.

Évaluez les coûts. Dans de rares cas, il est possible d’obtenir le remboursement du coût des traitements s’ils sont nécessaires du point de vue médical et ne sont pas offerts dans votre province ni ailleurs au Canada. Il faut cependant que le ministère de la Santé de votre province accepte au préalable de couvrir le traitement. Si c’est le cas, vous devrez probablement payer vous-même les frais et demander un remboursement après avoir reçu le traitement. Communiquez avec les autorités de votre province (vous devriez pouvoir le faire par l’intermédiaire de votre spécialiste) avant de quitter le pays pour savoir si votre situation vous rend admissible à un remboursement et connaître le montant du remboursement auquel vous aurez droit. Tous les dossiers médicaux étant évalués au cas par cas, vous devriez communiquer avec votre ministère de la Santé pour obtenir de plus amples renseignements (consultez par exemple les services de santé hors pays couverts par l’Assurance-santé de l’Ontario ou les renvois pour soins médicaux hors-province du Manitoba).

Certains programmes médicaux à l’étranger offrent des plans de financement. Lisez soigneusement le contrat avant de le signer et, si vous avez des doutes, demandez à un avocat d’en examiner le contenu avec vous.

Soyez bien informé! Vous ne savez pas par où commencer? Avant de prendre votre décision, trouvez les réponses aux questions suivantes :

• Qui vous traitera? Quelles sont ses qualifications? Obtenez le plus de renseignements possible sur le médecin qui effectuera l’intervention.
• Comment l’opération sera-t-elle réalisée? Demandez à votre médecin d’examiner la méthode prévue.
• Dans quel établissement l’opération sera-t-elle pratiquée? Choisissez de préférence les établissements où cet acte médical est pratiqué fréquemment et surtout ceux dont les résultats cliniques sont attestés, par exemple dans des documents que votre médecin canadien pourrait examiner. Il pourrait être avantageux de rechercher un établissement sérieux offrant des programmes destinés aux patients étrangers.
• Comment votre dossier médical sera-t-il tenu? Informez-vous sur les renseignements qui y seront inscrits et assurez-vous qu’ils seront transmis à votre médecin canadien rapidement et de manière confidentielle.
• Dans quel genre d’établissement recevrez-vous les soins postopératoires?
• Quel est le risque de complications? Comment serez-vous traité en cas de complications et par qui?
• Quelle est la durée prévue du traitement et des soins postopératoires? Demandez combien de temps après l’opération vous serez en mesure de voyager (il est déconseillé de prendre l’avion après avoir reçu certains types de traitements).
• Dans quel pays l’opération sera-t-elle pratiquée? La situation dans ce pays est-elle stable? Quelles sont les formalités que vous devrez remplir avant votre départ? Y a-t-il des raisons médicales pour lesquelles vous ne devriez pas voyager? Aurez-vous besoin d’obtenir un visa, des vaccins, etc.?

Plus vous en saurez, plus vous pourrez juger si le tourisme médical vous convient. Demandez l’aide de votre équipe soignante; vos professionnels de la santé canadiens pourront vous apporter leur soutien tout au long du processus. Assurez-vous surtout que votre décision de subir une intervention chirurgicale à l’étranger a été mûrement réfléchie et qu’elle est la bonne dans votre situation.

Sites Web connexes :

• Collège des médecins de famille du Canada : Tourisme médical
• Université Simon Fraser : Groupe de recherche sur le tourisme médical (accessible en anglais seulement)

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Références